Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 10.djvu/260

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rendus par le secrétaire d’État depuis 1818 jusqu’à 1833. Ces documens furent de suite apportés el mis sous les yeux de M. Dupetit-Thouars, à qui la commission fit reconnaître notamment, que le trésor recueilli en 1820 n’était pas aussi considérable qu’on l’avait cru à l’étranger.

Mais il était impossible à l’agent français de parcourir dans cette séance tous ces chiffres durant seize années ; le sénateur B. Ardouin proposa à ses collègues de lui confier ces comptes généraux, pour en prendre connaissance à bord de la Créole, ce qui fut accepté. M. Dupetit-Thouars en fit même prendre copie par les jeunes officiers sous ses ordres, et eut la loyauté de l’avouer à la commission, quelques jours après, en lui disant qu’il était maintenant « convaincu » de la vérité des assertions du gouvernement haïtien sur l’exiguïté des ressources de la République, et qu’il se ferait un devoir d’éclairer son gouvernement à ce sujet. Il lui apportait, en effet, les preuves les plus palpables dans les copies qu’il avait fait faire[1].

À son retour en France, il fit un rapport très-étendu sur la situation d’Haïti. Il dit comment le peuple avait mal accueilli l’ordonnance de 1825, à cause de ses clauses et de la quotité de l’indemnité, supérieure à la somme dont on était convenu en 1824 ; que Boyer avait compromis sa popularité ; que des conspirations avaient été ourdies contre lui ; que le pays était plutôt misérable qu’aisé, car il n’y avait point de fortunes. Enfin, il conclut en exprimant l’opinion qu’il était juste de réduire la dette de l’indemnité, de 120 millions à 60, en accordant des délais à la République qui avait encore son emprunt à payer, etc.[2].

  1. « En 1835, M. A. Dupetit-Thouars revint d’Haïti avec des documents qui permirent au gouvernement d’apprécier la véritable situation de notre ancienne colonie. » — M. Lepelletier de Saint-Rémy, tome 2, pages 70 et 71.
  2. J’ai eu connaissance de ce rapport, en 1838, par la communication qu’en firent MM. de Las Cases et Baudin, aux plenipotentiaires Haïtiens qui traitaient avec eux.