Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 10.djvu/273

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« Je ne demande rien pour moi, mais tout pour la patrie. » Chacun savait, en effet, que c’était cette patrie qu’on servait et non pas lui ; mais il n’est pas moins vrai que, pour bien la servir lui-même, il avait besoin de s’entourer de dévouemens, d’exercer de l’influence sur les esprits par la persuasion. Les actes d’un gouvernement ne suffisent pas pour convaincre de ses bonnes intentions, il faut encore employer ces moyens qui agissent sur l’esprit public.

Que le lecteur veuille bien nous pardonner ces digressions, car nous les croyons utiles comme étude de mœurs, et nécessaires pour faire comprendre tout ce qui contribua au renversement de Boyer du pouvoir[1].

Maintenant, faisons connaître les diverses lois votées dans cette session, d’après l’ordre de leur promulgation par le pouvoir exécutif.

1o  Celle sur les douanes, qui n’établit aucune distinction à l’importation et à l’exportation, entre les navires étrangers et les nationaux. Le tarif du droit fixe à l’importation fut plus élevé que dans la loi de 1827.

2o  Celle sur les conseils de notables, définissant mieux que par le passé leurs diverses attributions.

3o  Celle sur l’organisation judiciaire, maintenant les tribunaux établis précédemment et rédigée avec une meilleure entente de la matière.

4o  Celle sur les arpenteurs publics, réglant leurs opérations, les tarifant et précisant la responsabilité attachée à leurs actes.

5o  Celle sur la régie des impositions directes, comblant des lacunes échappées à la loi de 1834.

6o  Celles sur les patentes et sur l’impôt foncier pour 1836.

  1. Pétion était plus accessible que lui ; on pouvait le voir dans la journée, à toute heure : le soir, il y avait cercle de fonctionnaires et de citoyens autour de lui.