Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 10.djvu/305

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cette vérité : aucune des affaires du pays ne peut être étrangère aux intéressés à sa conservation. Mais unissant toujours la modération aux hauts sentimens du devoir et de la responsabilité, ils ont demandé au chef du pouvoir exécutif un projet suspensif du mode de perception de l’impôt des douanes ; et, si des raisons d’État ont porté le premier au magistrat de la République à ajourner sa réponse au message qui lui a été adressé, la nation vous saura, sans doute, gré et de votre noble et généreuse entreprise, et du sacrifice que vous avez offert à l’union et à la concorde ;

» Vous lui direz, enfin, et je le dirai avec vous : — le patriotisme, cette vie du corps politique, a dirigé toutes nos pensées dans le cours de cette session ; il a élevé nos âmes à la hauteur de notre mission ; et si nous avons peu fait pour vous, nous n’avons pas compromis l’avenir, nous n’avons pas aliéné les espérances que vous avez confiées à notre garde ; ces espérances ne seront pas trompées, nous en attestons les souvenirs glorieux de la patrie, ces souvenirs inspirateurs de sublimes dévouemens ; nous en attestons la sollicitude du chef illustre qui préside la République, consolante sollicitude qui promet au pays une prochaine régénération politique et morale !  !  ! [1] »

Et, après ce discours qui faisait adroitement un appel à l’opinion publique, qui se terminait par une sanglante ironie envers « le chef illustre, » la séance fut levée aux cris de : Vive la République ! Vive la Constitution ! Vive le Président d’Haïti !

Le Président ne fut sans doute pas dupe de ce dernier

  1. Boyer avait employé deux fois le mot sollicitude : dans son discours à l’ouverture de la session et dans son message en réponse à celui de la Chambre, à l’occasion de la Saint-Pierre.