Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 10.djvu/335

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tenant, ils revenaient sur ce point en demandant les deux déclarations particulières, le rejet de l’article relatif aux ministres publics, comme pour faire la condition de la concession des 60 millions pour solde de l’indemnité. Mais les plénipotentiaires haïtiens, dans cet entretien particulier, étaient résolus à ne pas céder, notamment sur la clause comminatoire ou toute autre garantie[1].

En entrant en conférence officielle, M. de Las Cases proposa le règlement des points secondaires, avant de discuter le chiffre du solde de l’indemnité. Il dit que leur résolution à cet égard dépendrait de la solution de ces questions, et il demanda formellement la radiation de l’article relatif aux ministres publics. Le droit d’Haïti d’en envoyer auprès de tous les gouvernemens devant résulter, en effet, de la reconnaissance positive de son indépendance et de sa souveraineté, le sénateur Ardouin invita ses collègues à consentir à cette radiation, et ils le firent. Il ajouta : « Nous agissons ainsi, parce que nous ne pouvons pas supposer au gouvernement français l’intention de traiter nos envoyés autrement que ceux des autres États. » M. de Las Cases répondit : « Toute défiance à cet égard serait injuste et mal fondée. » Puis, le général Inginac proposa les 60 millions payables en 30 ans.

M. Baudin déclara que son collègue et lui « prenaient note » de ces nouvelles offres, et qu’il fallait maintenant examiner la « clause comminatoire : » il fut appuyé par M. de Las Cases, qui développa toutes les considérations

  1. Il paraît que les instructions données à MM. de Las Cases et Baudin leur prescrivaient d’obtenir, ou la clause comminatoire, ou une garantie. Celle-ci eût consisté dans l’occupation, par la France, de la ville du Môle Saint-Nicolas et de ses environs. Il m’a été fait trop de questions au sujet de cette ville, de son port, de ses environs, de sa température, etc., par ces Messieurs et même ensuite par S. M. Louis-Philippe, pour que je ne croie pas que le gouvernement français désirait cette occupation qui, en apparence temporaire, serait devenue définitive.