Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 10.djvu/343

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sénateurs Pierre André et Ardouin. Quelques membres opinèrent pour que la présentation des traités eût lieu en séance publique, et que les trois sénateurs-plénipotentiaires fussent exclus de la délibération ; mais la majorité décida le contraire. La délibération eut donc lieu à huis-clos ; le Sénat, approuva et sanctionna les traités, vers 6 heures du soir, et renvoya au lendemain après-midi pour en donner connaissance en séance publique. Une foule nombreuse de citoyens et d’étrangers y assista. On était curieux de savoir le résultat des négociations qui duraient depuis quinze jours, et une satisfaction générale accueillit les deux traités.

Le Sénat envoya une députation composée de son président, des deux secrétaires et de quatre autres de ses membres, pour porter au Président d’Haïti les deux traités sanctionnés, et un message en réponse au sien qui le félicitait de l’heureuse issue des négociations qu’il avait entamées avec le gouvernement français, dès l’acceptation de l’ordonnance de 1825. Boyer reçut cette députation avec une émotion visible, par la satisfaction qu’il éprouvait lui-même d’être parvenu, enfin, à obtenir une reconnaissance claire et explicite de la situation politique d’Haïti, et à régler la dette nationale d’une manière aussi favorable[1]. Il chargea la députation de dire au Sénat, que son intention était de faire embarquer sur la frégate la Néréide les fonds nécessaires au payement de l’annuité de l’indemnité et de l’emprunt pour 1838 ; que deux agents haïtiens partiraient sur ce navire avec les plénipotentiaires français, afin d’échanger les ratifications des traités et de régler les conditions

  1. Le Président fit savoir à MM. de Las Cases et Baudin, qu’une salve serait tirée le vendredi 16 février, par les forts de la capitale, en signe de réjouissance. Ils demandè rent à y faire répondre par les navires de guerre ; mais M. Baudin proposa de tirer cette salve le samedi de préférence, parce que les matins considèrent le vendredi comme un mauvais jour. Boyer deféra à ce désir.