Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 10.djvu/347

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affaires étrangères, qui leur répondit que les traités seraient ratifiés par le Roi, à leur arrivée à Paris avec MM. de Las Cases et Baudin : ce qui était également annoncé officiellement par un article du Moniteur, et ils purent transmettre cette agréable nouvelle au Président d’Haïti[1]. La ratification royale eut lieu le 21 mai, et le 28, le comte Molé procéda avec les plénipotentiaires haïtiens à son échange contre celle du Président d’Haïti : le 2 juin, les traités furent publiés dans le Bulletin des lois, et reproduits officiellement dans le Moniteur.

Toutes ces formalités étant remplies, les envoyés d’Haïti furent invités par M. le comte Molé à se présenter à S. M. le Roi des Français, pour lui remettre la lettre autographe dont ils étaient porteurs[2].

Ils furent reçus au palais des Tuileries, le 9 juin, Après quelques paroles que le sénateur Ardouin adressa à Louis-Philippe, le Roi lui dit : « qu’il était satisfait des traités qui venaient d’être conclus entre la France et Haïti ; que c’était la seule manière qu’il convenait de terminer les différends qui existaient entre les deux pays ; qu’il l’avait ainsi conseillé à Charles X, mais que des difficultés qu’il

  1. Le succès de la mission valut à M. Baudin son élévation au grade de contre-amiral, et à M. de Las Cases sa nomination comme conseiller d’État.

    Dans le projet des pouvoirs qui furent donnés aux agents haïtiens, Boyer les avait qualifiés de commissaires ; ils lui firent l’observation, qu’étant chargés de procéder á l’échange des ratifications des traités, ils étaient nécessairement ministres plénipotentiaires. Mais le Président, en supprimant le premier titre, ne leur en donna aucun ; il dit à cette occasion : « Ces messieurs se croient sans doute appelés à jouer le rôle d’ambassadeurs. » À leur arrivée en France, ils prirent le titre d’envoyés qui ne leur fut pas contesté par le ministre des affaires étrangères.

  2. Selon l’usage diplomatique, les envoyés d’Haiti auraient dû recevoir du Président une copie de sa lettre autographe pour être communiquée préalablement au Roi. M, le comte Molé leur ayant demandé cette copie, le sénateur Ardouin lui répondît « Nous ne l’avons pas ; mais vous voudrez bien nous excuser, car notre chancellerie est encore dans l’enfance. » Le ministre rit de cette réponse. Cependant, ils offrirent de lui remettre une déclaration portant en substance ce que contenait la lettre dont ils avaient pris lecture ; ce qui fut accepté. Il ne leur fut pas délivré de passeports non plus pour se rendre en France, et à Brest ils durent en demander au maire pour aller à Paris,