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put assigner l’époque où les billets de caisse, véritable expédient financier, pourraient être retirés de la circulation ; car, lorsqu’un gouvernement entre dans cette voie par une urgente nécessité, il est rare qu’il ne s’y enfonce pas chaque jour davantage, à moins de circonstances extrêmement favorables.

La deuxième législature avait terminé son mandat dans la session de cette année. Au terme de la constitution, c’était au 1er février 1827 que les électeurs devaient se réunir pour nommer les membres de la nouvelle Chambre des communes ; mais le pouvoir exécutif désirant, à raison des circonstances, qu’elle s’assemblât à la capitale avant le 1er avril, Boyer publia, le 4 décembre, une adresse aux électeurs, qui les convoqua au 10 janvier afin de pouvoir ouvrir la session législative au 10 février. Il leur recommanda de se montrer tous empressés à se trouver aux assemblées communales : « Songez, leur dit-il, que l’absence d’un seul bon citoyen peut laisser le champ libre à l’intrigue et à l’ambition ; et souvenez-vous que la constitution, en vous confiant le soin d’élire les mandataires du peuple, a entendu que le patriotisme uni aux lumières, obtînt seul vos suffrages. »

Ces paroles sensées avaient évidemment le cachet d’un regard rétrospectif sur les élections et sur la session de 1822. Mais comme toujours, le gouvernement ne désigna aucun candidat par l’entremise de ses agents. Il oublia peut-être que la nature même de l’institution d’une Chambre de représentans admet la brigue, sinon l’intrigue ; et que, quant à l’ambition, « le patriotisme uni aux lumières » n’en est point exempt, que cet ardent sentiment l’inspire, au contraire, dans l’espoir d’être utile à la chose publique. Par là, nous entendons bien certainement cette généreuse