Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 10.djvu/99

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Et le 28 du même mois, le secrétaire général Inginac publia un avis au commerce haïtien, par ordre du Président, qui prouvait au monde que la Grande-Bretagne avait foi en nos promesses, de ne pas troubler le régime des colonies européennes qui entourent Haïti : elle ouvrait les ports des îles Bahama au pavillon de la République.

Dès le 22, une autre proclamation du chef de l’État prorogea la session législative au 10 septembre suivant. Il faut en dire le motif.

Le gouvernement français avait gardé le silence sur la convention et le traité signés au mois d’avril 1829, entre M. Molien, son consul général, et les grands fonctionnaires de la République ; mais on venait d’apprendre qu’un nouvel agent arriverait incessamment de France : ce fut la cause de la prorogation de la session du corps législatif.

En effet, M. le baron Pichon, parti de Brest à la fin de janvier, arriva bientôt au Port-au-Prince[1]. Il était porteur des deux actes de 1829 que Charles X n’avait pas voulu ratifier, à moins de nouvelles explications sur le sens attaché à l’expression « au pair de la gourde haïtienne, » à propos des rescriptions que le gouvernement d’Haïti donnerait pour payer les intérêts des 120 millions restans de l’indemnité, soit 3,600,000 fr. par an, sur les droits perçus dans les douanes de la République, ces droits étant payés en monnaie nationale. Au fait, la mission de M. Pichon consistait à refaire cette convention spéciale, à porter le gouvernement à consentir au payement de cette somme en France même et en monnaie française, parce que la convention dérogeait à la clause y relative de l’ordonnance de 1825 qui exigeait les

  1. Dans une note de la page 281 du 4e tome, j’ai commis une erreur en disant que M. le baron Pichon fut envoyé auprès de Boyer par le gouvernement de Louis-Philippe : ce fut par celui de Charles X.