Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 11.djvu/301

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un incendie même dans la ville des Cayes, en exposant encore bien des personnes à périr injustement. Mais, il est à remarquer que Toureaux avait souvent des travers d’esprit, des singularités qui prenaient le caractère de la monomanie : l’une de ces singularités consistait à imiter le costume ou du moins la coiffure de Napoléon 1er, tant il était enthousiaste de la haute capacité militaire de ce grand capitaine[1]. Il n’est donc pas étonnant qu’il soit arrivé à concevoir une idée si regrettable. Le général Borgella en fut désolé, et par rapport à cet officier lui-même qui avait été son aide de camp et qu’il aimait, et par rapport aux conséquences de sa résolution ; il envoya auprès de lui le capitaine Jean Lindor, son aide de camp, pour l’en dissuader ; il ne réussit pas. Toureaux se maintint à l’arsenal.

À sept heures et demie du soir du 8, Borgella fut averti que les colonels Bellanton et Désiré, avec les 8e et 24e régimens, avaient fait défection, que l’armée populaire était ainsi devenue en possession de la poudrière et des forts de la Tourterelle et de l’Ilet. La place était donc entamée dans cette ligne. La nuit se passa dans cette situation. Le général R. Hérard en profita pour ne faire aucune réponse aux conditions posées pour la capitulation.

Le 9 mars, il pénétra dans la place avec toute son armée, Borgella ayant reconnu la nécessité de n’ordonner aucune résistance. Ce général tenta une nouvelle démarche auprès de Toureaux qui, seul à l’arsenal, en éloignait tout le monde par la crainte de périr inutilement. Il lui écrivit une lettre affectueuse pour le détourner de sa fatale idée ; ce brave y répondit en ces termes :

  1. Au Port-au-Prince, on se rappelle la même manie de Meyrèles, citoyen recommandable qui devint fou.