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lons pour ses opinions toujours favorables aux mulâtres et nègres libres.

Nous ne disons rien du conimissaire Ailhaud, homme d’un caractère faible, d’un esprit timide, un de ces êtres nuls et passifs, incapables de jouer un rôle important dans les temps de révolution : il n’offusquait point les colons.

Dès le 25 août, étant à bord du vaisseau l’America, par le 26º degré de latitude Nord et le 35º de longitude, les commissaires civils avaient rédigé des instructions pour Delpech[1], dans le but de l’envoyer au Cap sur un aviso, afin d’y annoncer leur arrivée et de sonder le terrain, tant ils craignaient une résistance de la part des assemblées de cette ville, composées de colons : les instructions du roi prévoyaient cette résistance. Mais cette précaution, indiquée par la prudence, devint presque inutile : Delpech fut bien accueilli. Ces assemblées elles-mêmes, avisées de l’approche de la flotte et n’étant pas en mesure de résister, envoyèrent une députation complimenter les commissaires civils. Elle était composée de Raboteau, Jouette et De Pons, membres de l’assemblée coloniale, de quelques membres de l’assemblée provinciale, de la municipalité et de la garde nationale. On conçoit facilement que leur but était de pressentir eux-mêmes ce que les colons avaient à attendre de ces nouveaux agens de la métropole. Le 20 septembre, une séance solennelle eut lieu dans la grande église du Cap, pour l’installation des com-

  1. Nous avons en notre possession l’original même de ces instructions, signé des trois commissaires, que nous avons trouvé dans les archives de Santo-Domingo. Nous avons aussi l’original d’un certificat de civisme délivré à Delpech, le 12 juillet 1792, par la société de Bordeaux dont il était membre. Nous ignorons comment ces deux documens ont pu s’y trouver.