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par Delpech, d’accord avec Polvérel et Sonthonax. La légion de l’Egalité avait dans ses rangs des blancs, des mulâtres et des nègres. Le nombre primitif en fut augmenté par la suite. Mais dès lors, les africains qui avaient accompagné Borel à Jacmel y furent incorporés et devinrent libres par ce seul fait. Il en fut de même, des esclaves déjà déclarés libres par Roume, en 1792, de quelques autres enrôlés à Jacmel sous le nom de hussards, et de plusieurs des chefs d’ateliers du Cul-de-Sac que Borel et Hanus de Jumécourt avaient soulevés en janvier 1793, notamment de ceux du canton des Grands-Bois, voisin de la Croix-des-Bouquets. Le fameux Hyacinthe acquit sa liberté définitive à cette époque, par un acte spécial du 7 juin.

Cette légion de l’Egalité est devenue comme le noyau de toutes les troupes régulières qui se formèrent avec le temps dans le pays, à mesure que les différentes guerres, nées de ses révolutions, firent reconnaître la nécessité de la création d’une armée. Avant l’organisation de la légion, Sonthonax avait formé au Cap, le 16 décembre 1792, six compagnies de troupes franches composées de nègres et mulâtres libres, qui furent une force créée pour s’opposer aux manœuvres des blancs de cette ville. Mais l’idée de la formation de la légion est due à Polvérel surtout.

Peu de jours après, les commissaires, ayant appris que le conseil de la Grande-Anse avait créé aussi un corps de six cents esclaves en troupes, rendirent une proclamation, le 3 mai, pour annuler cette résolution illégale et factieuse. Un des motifs de cet acte porte :

« Considérant que nulle autorité de la colonie n’a e droit de lever aucun corps armé sans notre ordre ex-