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Ils réclamèrent des blancs le bénéfice des concordats signés dans l’Ouest ; mais les colons réussirent à en arrêter un certain nombre qu’ils mirent à bord de bâtimens qui étaient dans les ports de ces deux communes. Lorsque l’assemblée coloniale députa deux de ses membres, le marquis de Cadusch et Raboteau, pour aller réclamer des secours à la Jamaïque contre la révolte des esclaves du Nord, ces deux commissaires les firent relaxer, en touchant à Jérémie. Bientôt, leurs chefs ayant appris la violation des concordats au Port-au-Prince, dans l’affaire du 21 novembre, ils reprirent les armes à l’appel violent signé des chefs de l’Ouest, et au signal donné par Rigaud à toute sa classe dans la province du Sud, au moment où il retournait dans l’Ouest. C’est alors qu’apprenant les crimes affreux commis par les blancs, au Port-au-Prince et aux Cayes, contre les hommes de couleur, ceux de la Grande-Anse se portèrent à des crimes semblables, en représailles de ces horribles excès. On cite nommément une famille Plinquet dont la dame Séjourné faisait partie, qui fut victime de ces représailles. On en trouve les détails dans une lettre du 2 avril 1792, écrite par la dame Desmarais de Montfélix et citée dans les Débats : Thomas Millet et Page ont cité aussi ces faits. Mais, à ce sujet, Sonthonax dit de la dame Desmarais : « Je ne vous parlerai pas du moral de cette citoyenne connue à Jérémie par les atrocités qu’elle avait exercées elle-même sur les hommes de couleur qui étaient prisonniers. » Quant à Millet et Page, il n’avait rien à en dire à la commission des colonies : ces deux colons démontraient assez leur haine pour les hommes de couleur.

À la suite de ces excès, les colons armèrent leurs esclaves contre cette classe, dans les deux quartiers de la