Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/156

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République. C’était méconnaître la supériorité hiérarchique de la commission intermédiaire où il se présenta ensuite : là, il prononça un discours dans lequel il rappela l’intérêt particulier qu’il avait au bonheur de Saint-Domingue, où il avait toute sa fortune. Cette déclaration était évidemment à l’adresse des colons, auxquels il faisait entendre qu’ils pouvaient compter sur lui, puisqu’il avait le même intérêt qu’eux.

Porteur de dépêches importantes pour les commissaires civils, qui leur prescrivaient les mesures qu’ils avaient à prendre par rapport à la guerre déclarée à l’Espagne et à la Grande-Bretagne, qui leur annonçaient aussi la nomination de leur secrétaire Delpech, comme membre de la commission civile en remplacement d’Ailhaud, Galbaud retint ces dépêches et se borna à écrire, le 8 mai, une lettre à Polvérel et Sonthonax pour leur annoncer son arrivée, en leur témoignant cependant le vif désir qu’il avait de leur prompte arrivée au Cap, pour profiter de leur expérience. Dans deux lettres subséquentes, des 12 et 25 mai, il leur manifesta ses préventions contre les colons qui l’entouraient : le plus grand nombre frémit, dit-il, en songeant que la loi met les citoyens de couleur à leur niveau. Il s’exprima en des termes tout aussi peu favorables, à l’égard des déportés qui étaient prisonniers à bord des bâtimens sur la rade.

Avant lui, le général Laveaux, le contre-amiral Cambis, Louis Boisrond et Boucher (ces deux derniers, membres de la commission intermédiaire), avaient signalé à Sonthonax les intrigues des factieux, qui faisaient présager de nouveaux troubles dans la ville du Cap. À ce sujet, les deux commissaires, étant encore à Saint--