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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/195

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faut attribuer la ruine du Cap que ces colons, dans l’ancien régime, appelaient le Paris des Antilles. Dans la séance du 1er thermidor an III (19 juillet 1795), il dit à la commission des colonies :

« Je vous ai prouvé démonstrativement que les matelots ont été mis en insurrection par le général Galbaud ; que les prisonniers à bord du Saint-Honoré, ces vertueux patriotes déportés du Port-au-Prince, sont ceux qui, au lieu de venir en France se plaindre à la convention nationale ; qui, au lieu de venir sur les navires du convoi lui présenter leurs griefs, jugent à propos de s’armer, de descendre à terre, de venir attaquer à main armée ceux qui ont déjoué la coalition du Port-au-Prince dirigée contre les hommes de couleur, comme la révolte du Cap était de même dirigée contre les hommes de couleur. Les colons, diront-ils, pour s’excuser, qu’ils ont été victimes de cette conspiration ? Non, sans doute : dès le commencement de la révolution, ils ont été les victimes de leurs machinations infernales. Où est un seul de leurs triomphes ? Depuis qu’ils ont attaqué sans cesse les hommes de couleur, ils ont occasionné la ruine du système colonial, par les moyens mêmes qu’ils ont employés pour le défendre… »

La suite de cette histoire démontrera de nouveau ces vérités proclamées par Sonthonax, en face des plus acharnés des colons de Saint-Domingue contre les hommes de couleur, des plus habiles peut-être parmi cette tourbe de méchans. Elle justifiera ses paroles empreintes d’impartialité, non-seulement par rapport aux colons qui persévérèrent sous d’autres gouvernemens dans leurs mauvais sentimens pour les hommes de couleur, mais encore à l’égard de ceux des chefs du pays où cette classe