Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/216

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gnent aussi de la crainte qu’ils éprouvaient, que les nouveaux citoyens n’abusassent de leur liberté en restant dans la fainéantise. Cette partie de l’organisation du pays est devenue, en effet, la pierre d’achoppement que rencontrèrent tous les gouvernemens qui se succédèrent, soit à Saint-Domingue, colonie française, soit à Haïti, indépendante de la France. Nous aurons occasion d’examiner et d’apprécier leurs actes à cet égard.


Les commissaires civils avaient échoué dans leurs négociations avec les trois principaux chefs des insurgés, Jean François, Biassou et Toussaint ; mais ils réussirent à amener la soumission de plusieurs autres. Ceux-ci influèrent plus tard, par leur exemple, sur la détermination d’autres chefs secondaires comme eux. Voulant leur inspirer d’avance des sentimens élevés en faveur de la liberté, pour mieux compter sur leur soumission, ils écrivirent à Pierrot, l’un d’eux : « Nous comptons bien assurer la liberté générale des noirs ; mais tout se gagne dans le monde : vous ne l’aurez que quand vous imiterez les nègres du Cap, en vous armant pour la République. »

Ce Pierrot n’était pas le même que celui venu avec Macaya : il était dans les environs du Cap. Il en fut de même de Zéphirin qui était dans les montagnes du Port-de-Paix ; de Barthélémy qui était dans celles du Limbe et du Port-Margot ; de Pierre Michel, de Paul Lafrance et de plusieurs autres.

Ces succès permirent aux commissaires civils de faire quelques efforts pour reprendre l’offensive contre les insurgés qui secondaient si bien les Espagnols. Le 9 juillet, le général Laveaux, rétabli de sa maladie, attaqua et