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ves, selon l’expression de ce commissaire, attendait les Espagnols et les brigands comme le Messie.

La conquête d’un territoire devient facile, quand de pareils sentimens animent sa population ; la trahison préparée diminue singulièrement le mérite des guerriers qui en profitent.


Polvérel était parti du Cap avec un fort détachement composé d’hommes de toutes couleurs ; il fut renforcé par les contingens venus du Borgne, du Gros-Morne, du Port-de-Paix, etc. A. Chanlatte en avait le commandement supérieur ; Montbrun était aussi avec le commissaire. Celui-ci laissa Chanlatte à Plaisance, après avoir fait arrêter quelques conspirateurs qu’il envoya au Cap. En ce moment-là, Sonthonax faisait attaquer infructueusement les bandes de Jean François, du côté du Dondon.

Polvérel ordonna à Desfourneaux, commandant de la place du Port-au-Prince, d’aller attaquer les Espagnols sur leur propre territoire, à San-Miguel de l’Atalaya. Son armée était assez nombreuse ; mais Desfourneaux qui s’était déjà laissé battre dans une rencontre, pendant la campagne que Rochambeau ouvrit contre les noirs insurgés à la fin de 1792, fut encore repoussé par ces hommes, unis aux Espagnols, à San-Miguel. Il fut forcé, après une grande perte, de se replier sur les Gonaïves. Cette affaire eut lieu le 17 août 1793[1].

  1. Deux auteurs français, Pamphile de Lacroix et M. Lepelletier de Saint-Rémy, se sont efforcés de faire de Desfourneaux un héros à Saint-Domingue. Le premier lui attribue la reprise des camps Lesec et de la Tannerie, au mois d’août 1793, tandis qu’il était alors au Port-au-Prince, et que ce fut Laveaux qui reconquit ces deux postes. Le second dit de Desfourneaux (page 135 de son 1er volume) : « Enfin, dans le Nord, un homme qui depuis a consacré