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née par un acte subséquent. Ce fut l’objet d’une troisième proclamation rendue par Polvérel, le 27 août. Voyons sur quels principes il faisait reposer ce partage des terres.


« Le droit de propriété ne peut exister sans une force protectrice. Cette force ne peut exister que par la réunion des forces individuelles de tous les propriétaires ; car ce n’est pas ceux à qui n’ont rien, à sacrifier leurs vies pour la défense des propriétés d’autrui.

D’un autre côté, sans la culture le droit de propriété est absolument stérile, et le cultivateur qui défriche les terres, qui les féconde par son travail, est le premier à qui la nature en a destiné les fruits.


Le partage des propriétés déclarées vacantes doit naturellement se faire entre le guerrier et le cultivateur. Les parts doivent être inégales ; car, si les fatigues du cultivateur et celles du guerrier sont à peu près égales, le guerrier court de plus des dangers pour sa vie ; sa part doit donc être plus forte que celle du cultivateur. »


Ces principes, que de nos jours on appellerait en Europe du socialisme, furent ceux qui guidèrent Pétion dans la distribution des terres : distribution juste, équitable et éminemment politique pour son époque. Leur application en Haïti produisit des effets immenses sur l’esprit public, et a garanti la société d’une subversion totale, dans les derniers événemens de ce pays.

Nous regrettons de ne pas avoir cette proclamation du 27 août sous les yeux ; mais ce qu’en dit Garran suffit pour la faire apprécier.

Le surplus du préambule, dit-il, qui est écrit avec