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qu’il n’a pas signé la proclamation de son collègue[1]

Le système de Southonax a prévalu durant quinze années sur celui de Polvérel, parce qu’il entra plus dans les convenances, dans les vues, dans les intérêts des propriétaires, et même des divers gouvernemens qui se succédèrent dans le pays jusqu’alors.

Mais celui de Polvérel, plus juste en soi, plus rationnel, plus politique, plus en harmonie avec les besoins réels de toutes les classes de la population, ce système trouva en Pétion le chef qui le comprit et le mit en pratique au profit des masses. Il devint la base de la république qu’il avait fondée. Cette mesure a valu à ce chef l’amour de ses concitoyens, en assurant le bonheur individuel sur les ruines de l’ancienne société coloniale. De l’Ouest où Polvérel avait conçu ce système, où Pétion l’a exécuté, il a rayonné sur toutes les parties du territoire haïtien.

Si Polvérel se trouve en contradiction, comme son collègue, avec ses déclarations consignées dans son discours du 20 septembre 1792 et dans leur proclamation du 24 du même mois, même avec celle du 5 mai 1793, du moins il ne cherche pas à s’expliquer à ce sujet, comme le fait Sonthonax, dont les déclarations personnelles ont été plus positives. Aussi Garran dit-il : « On y voit (dans le préambule de l’acte du 29 août) que Sonthonax éprouvait quelque embarras à concilier cette promulgation avec ses déclarations précédentes, et l’on

  1. Débats, t, 6, p. 38 et 39, séance du 25 floréal an III, et les séances suivantes.

    « La liberté et la propriété sont les fondemens de l’abondance et de la bonne agriculture. Je ne l’ai vue florissante que dans les pays où ces deux droits de l’homme étaient bien établis. » (L’intendant Poivre, cité par Garran.)