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défendus contre ce gouverneur colon, cette circonstance devint un motif plausible pour déterminer les colons qui seraient encore indécis, et pour tâcher d’entraîner dans le plan de trahison si longuement médité, le plus grand nombre d’hommes de couleur. Il n’y avait donc plus aucune raison de différer la conclusion de la convention : au contraire, il fallait prévenir la liberté générale annoncée par les commissaires civils.

Quoi qu’il en soit, le 19 septembre, des bâtimens anglais se présentèrent à Jérémie, ayant à leur bord Venault de Charmilly. Ils y furent accueillis avec tout l’enthousiasme colonial, par les blancs de cette ville, par le conseil de sûreté et d’exécution. Le débarquement des troupes britanniques, sous les ordres du lieutenant-colonel Whitelocke, eut lieu aux cris de : Vive le roi Georges ! Vivent les Anglais ! Les habitans prêtèrent serment de fidélité au roi de la Grande-Bretagne. Les paroisses des Cayemites ou Corail et de Dalmarie se livrèrent également à la joie de se placer sous la protection des ennemis de la France. Le crime de trahison fut consommé !

Whitelocke essaya vainement alors de prendre Tiburon qui, depuis quelque temps, était au pouvoir des républicains. Dartiguenave, soutenu par Rigaud, le repoussa vigoureusement. Ce fait eut lieu le 4 octobre.


Examinons quelques-unes des dispositions de l’acte du 3 septembre 1793.

Si, pour gagner les hommes de couleur à cette félonie, l’art. 4 promet de leur accorder tous les privilèges dont jouit cette classe d’habitans dans les colonies anglaises, il leur accordait moins, certainement, que ce dont ils jouissaient à Saint-Domingue. Or, quel avan-