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que la trahison ; c’étaient des Irlandais du régiment de Dillon, c’étaient des colons blancs qui livraient celle place. O’Farel commandait ce corps ; Deneux, Français, nommé par les commissaires civils, commandait la place. À cinq lieues du Môle était la petite ville de Bombarde dont la population était presque composée des seuls Allemands transportés à Saint-Domingue, sous le gouvernement du comte d’Estaing et de ses successeurs.

Le vaisseau l’Europa fut reçu avec les mêmes transport de joie qui avaient éclaté à Jérémie ; aucun homme de couleur ne s’y trouvait, suivant le témoignage de Sonthonax aux Débats. La capitulation du Môle et de Bombarde eut lieu aux mêmes conditions que celle de Jérémie, ou à très-peu d’exceptions près. Elle servit de même pour celle des autres points de la colonie où les Anglais furent admis.

Genton, maire du Môle, fut le seul habitant qui n’adhéra pas à la capitulation. Barry, D’Henin et Guyelle, trois officiers, et une soixantaine de soldats du régiment irlandais de Dillon, imitèrent son noble exemple. Ils furent tous déportés aux États-Unis.


Depuis le commencement de la révolution, les habitans du Môle et de Bombarde, ainsi que la garnison, s’étaient montrés dévoués au parti des indépendans de l’assemblée générale de Saint-Marc. C’est au Môle que se réfugièrent Dumontellier et ses affreux saliniers qui y assassinèrent une partie des malheureux nègres suisses ; c’est là que lui et Borel armèrent leur flottille pour aller au secours du Port-au-Prince, menacé en 1792, par Roume et Blanchelande. Sainte-Croix, d’abord, et après lui Deneux, commandans de la place, furent tous deux ani-