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Grande-Bretagne. Nous en extrayons les passages suivans :


Aux habitans de Saint-Domingue,


Le roi de la Grande-Bretagne plaignait depuis longtemps les malheurs affreux que vous avez éprouvés… S. M. ayant accueilli avec bonté la prière d’une grande partie de vos compatriotes, présentée le 25 février dernier, a envoyé des ordres au major général Adam Williamson, son lieutenant-gouverneur à la Jamaïque, de faire passer de suite à Saint-Domingue les forces nécessaires.

J’ai été chargé de cette expédition. Ce n’est pas en conquérant, c’est en père que S. M. a voulu prendre possession de ce territoire c’est par la persuasion, bien plus que par la force, que je veux conquérir…

Une expérience très-longue vous a prouvé que le lien le plus propre à contenir les esclaves consistait dans l’exemple donné par les blancs, de leur obéissance à des chefs. Sous cet ordre de choses, rappelez-vous l’état brillant de Saint-Domingue, et comparez-le avec les horreurs dont il est devenu le théâtre par l’oubli des lois qui vous régissaient.

Ce n’est pas pour devenir le théâtre des vertus républicaines, ni du développement des connaissances humaines, qu’on établit une colonie dans les Antilles ; sa véritable prospérité consiste à faire beaucoup de denrées, et le but de la métropole est d’en exporter le plus, avec le moins de frais qu’il lui est possible.

Une colonie dépendante d’une métropole pour ses rapports commerciaux, pour sa protection et sa défense, n’a conséquemment aucune politique extérieure, et ne doit rechercher aucun des attributs de li souveraineté

…Toutes les anciennes lois françaises seront maintenues, en ce qu’elles ne se trouveront pas contraires aux moyens de rétablir la paix. Chacun conservera ses droits civils : les lois relatives à la propriété seront également maintenues…

Comparez actuellement les intentions bienfaisantes du roi de la Grande-Bretagne, avec les œuvres de ces trois individus qui vous oppriment[1], perfides dépositaires d’une autorité qu’on n’a pu leur confier uniquement pour vous assassiner : rendez-les au néant dont ils sont sortis et qui les attend… Ignorés dès leur naissance, nouveaux Erostrates,

  1. Polvérel, Sonthonax et Delpech.