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dans toute la colonie. Enfin, il se rendit au Mòle où, à force de bassesse, il obtint un sauf-conduit du Commodore anglais et partit pour les États-Unis ; de là, il se rendit en France où il déblatéra contre Sonthonax et Polvérel qui défendaient la cause de leur pays. Ainsi termina sa carrière, un des vainqueurs de la Bastille[1].


Telle était la situation de la province du Nord, au moment où Sonthonax allait la quitter pour passer dans l’Ouest où sa présence devenait peut-être nécessaire, par le séjour de Polvérel aux Cayes. Nous disons peut-être, afin d’examiner s’il n’y fît pas plus de mal que de bien. Du reste, avant la mort de Delpech, Polvérel l’avait engagé à se rendre au Port-au-Prince où ils devaient se réunir tous les trois.

Quoi qu’il en soit, et bien que Lasalle fût tombé dans le discrédit qu’attire à l’autorité, une vieillesse infirme accompagnée du dérèglement des mœurs, sa proclamation insensée ne laissa pas que de nuire beaucoup à la cause de la France, par la désapprobation qu’il afficha contre la grande mesure qui, seule, pouvait la garantir en augmentant les forces contre les Anglais et les Espagnols coalisés. Cet acte contribua aux défections qui suivirent de plusieurs paroisses ; il jeta de l’irrésolution dans les esprits, et des doutes profonds sur les pouvoirs de la commission civile à cet égard. Il y en avait déjà assez, par le souvenir des paroles imprudentes que les deux commis-

  1. C’est par erreur que Garran dit (t. 4 du Rapport, p. 250), qu’en partant du Cap, Sonthonax laissa le commandement du Nord à Lasalle. Sonthonax ne quitta le Cap que le 10 octobre, et c’est à Laveaux qu’il confia ce commandement en qualité de gouverneur général par intérim, par suite de la trahison évidente de Lasalle. Nous avons pris ce reaseigneraent dans le compte-rendu publié par Laveaux.