Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/302

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qu’au premier signal que vous leur ferez, ils assureront l'indépendance de leurs frères.

Dans ces circonstances, le commissaire civil a ordonné et ordonne ce qui suit :

Article 1er . Déclarons tous les citoyens de la province du Nord en état de réquisition permanente aux ordres des commissaires civils et du commandant de ladite province, pour marcher contre l’ennemi…

4. Il sera formé au Port-de-Paix un rassemblement composé en entier des troupes de ligne, sous le commandement du général Laveaux, pour marcher contre la ville du Môle…


Cette proclamation, qui faisait un si noble appel au dévouement des mulâtres et des nègres, leur exposait en même temps les vérités palpables, pour ainsi dire, que nous retrouverons un jour, appliquées contre les Français, dans une des proclamations relatives à la déclaration de l’Indépendance d’Haïti : le même sort vous menace tous, on vous présente des fers ; n avez-vous pas pour retraites vos mornes et vos forêts ? C’est, en effet, dans ces mornes et dans ces forêts que se formèrent ces légions qui eurent l’honneur de fonder une patrie pour ces enfans de l’Afrique. Le succès que les mulâtres et les nègres venaient d’obtenir à la Martinique contre les Anglais, et que signale Sonthonax à ceux de Saint-Domingue, est comparable au souvenir rappelé de l’action héroïque de Delgresse, emporté dans les airs avec les débris de son fort plutôt que d’accepter des fers.

Disons-le encore, cette proclamation de Sonthonax eût paru plus éloquente, elle eût été plus persuasive, si ce commissaire surtout n’avait pas faussé sa mission, par l’étrange doctrine qu’il professa à son arrivée dans la colonie.

Les temps n’étaient plus les mêmes, les circonstances avaient changé, il est vrai ; mais la masse des esprits ne