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son esprit. D’accord avec ceux de la Croix-des-Bouquets qui caressaient les hommes de couleur, ils s’étaient empressés d’accéder aux concordats de 1791, par des concordats semblables dans lesquels figurèrent Savary et ses frères. Saint-Marc devint le refuge des pompons blancs du Port-au-Prince, poursuivis par les partisans de l’indépendance. Leur feinte sympathie pour les hommes de couleur de tout le quartier de l’Artibonite leur gagna cette classe ; tant par le besoin qu’elle avait d’eux pour triompher de ses persécuteurs, que parce qu’en général elle y était moins imbue de la politique que suivaient Pinchinat, Bauvais et les autres hommes de couleur de l’Ouest. La nécessité de s’allier aux contre-révolutionnaires devint encore imminente, quand Borel et Dumontellier exerçaient leurs déprédations et leurs crimes dans la plaine de l’Artibonite. C’est alors que Pinchinat sortit du Mirebalais pour venir former à la Petite-Rivière d’abord, et ensuite à Saint-Marc, le conseil de paix et d’union où entrèrent les quatre paroisses de Saint-Marc, des Gonaïves, des Vérettes et de la Petite-Rivière, en mars et avril 1792. Quoique dissous par les commissaires civils, en octobre suivant, l’esprit de ce conseil subsista néanmoins dans ces lieux. On se rappelle que lors du passage à Saint-Marc, de Polvérel et Ailhaud, J. B. Decoigne et Roi de la Grange tentèrent la formation d’une nouvelle coalition contre-révolutionnaire. Enfin, au mois d’août 1793, c’est encore dans l’Artibonite que se formait le triumvirat de Guyambois, de Jean François, de Biassou, dissous à temps par Polvérel.

Il aurait suffi peut-être de ces précédons, pour expliquer cette constante tendance des hommes de couleur de cette partie de la province de l’Ouest, à s’organiser