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de cette commission, en neutralisant l’influence qu’auraient pu exercer Pinchinat et les autres hommes de couleur qui en faisaient partie.

Pour obtenir l’embarquement des proscrits, les agitateurs commirent des assassinats et d’autres attentats contre la sûreté individuelle de ces personnes. Dans une campagne ouverte avec succès par Rochambeau, douze prisonnieis faits sur les noirs insurgés, parmi lesquels se trouvaient deux blancs déserteurs et deux mulâtres, furent en même temps massacrés dans les rues, au moment où on les conduisait en prison. Ces faits se passèrent le 14 novembre.

Sonthonax se vit obligé de publier une proclamation, le 15, par laquelle il consentit à ce que « l’expulsion des fonctionnaires publics suspects fût légalement prononcée ; mais, disait-il, que les simples citoyens qui ne doivent aucun compte au peuple de leurs opinions, vivent sous la sauvegarde de la foi publique, et que leurs propriétés soient respectées. »

En conséquence, la liste des proscrits fut renvoyé par lui à l’examen de la commission intermédiaire, pour avoir son opinion. C’était livrer ces inculpés à leurs accusateurs. Les six colons qui en étaient membres, à l’aide de la pression extérieure du club, portèrent la commission à déclarer « que les fonctionnaires publics inscrits sur la liste avaient effectivement perdu ou mérité de perdre la confiance publique, par la manière dont ils avaient rempli, les uns, leurs fonctions militaires, judiciaires ou administratives, les autres, celles de députés à l’assemblée coloniale, en y perpétuant sciemment, par des manœuvres combinées, les maux de la colonie, qu’ils étaient chargés de dé-