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inutile ; les habitans ne connaissent point de capitulation devant l’ennemi… »

Il ajouta, en réponse à la partie de la dépêche de Ford concernant la prise de plusieurs postes de France par les Anglais, qu’il venait d’être informé de la reprise de Toulon. Il y avait, en effet, peu de jours que ce mémorable événement venait d’avoir lieu, le 19 décembre 1793 ; mais il était physiquement impossible qu’il le sût.

Le génie révolutionnaire avait deviné le génie militaire. Napoléon Bonaparte avait justifié l’assertion de Sonthonax.

Le Commodore Ford se retira à la réception de cette dépêche.

La sommation des Anglais poussa Sonthonax à des mesures extraordinaires pour défendre le Port-au-Prince.

Déjà, étant au Cap, il avait rendu une proclamation, le 28 août, pour défendre aux naturels du pays de quitter la colonie sans l’autorisation de la commission civile, à peine d’être mis hors la loi, et de la confiscation de leurs biens mobiliers et immobiliers ; il déclarait émigrés tous ceux qui en étaient partis sans un tel congé, et leur faisait défense de reparaître à Saint-Domingue.

Au Port-au-Prince, le 24 novembre, il avait émis une autre proclamation où « considérant qu’une multitude d’individus de tout âge et de tout sexe, sollicite des passeports pour la Nouvelle-Angleterre, et que le désir d’émigrer ne peut être attribué qu’à la peur, à l’état de maladie, ou même à l’opposition connue de quelques-uns aux progrès des principes français ; et considérant ensuite qu’il ne peut être que dangereux