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verneur général de l’Ouest. Jacmel et le Petit-Goave étaient compris dans le commandement de Rigaud, suivant une ancienne division des provinces, et encore parce que Léogane étant au pouvoir des Anglais, Rigaud pouvait mieux surveiller et défendre ces deux communes. Mais Sonthonax, à son tour, retrancha Jacmel du commandement de Rigaud, pour en former un arrondissement qu’il confia à Martial Besse.

À son arrivée au Port-au-Prince, Polvérel confirma le commandement de Montbrun, comme celui de Rigaud, moins Jacmel, en se fondant sur ce que, les communications avec le Nord étant interrompues, ces deux officiers supérieurs ne pouvaient pas obéir à Laveaux[1].

Si de telles décisions en sens contraire, de la part des deux commissaires, présentaient un véritable décousu, une confusion de pouvoirs, toujours est-il que le maintien de Montbrun à son poste, prouve que Polvérel ne le trouva pas coupable dans l’affaire du 18 mars. Etait-ce la crainte de déplaire aux hommes de couleur, en présence des Anglais ? Nous ne le pensons pas ; car il pouvait fort bien remplacer Montbrun par Bauvais, généralement estimé d’eux tous. Nous voyons cependant dans Garran, que : « Il est certain enfin que Polvérel, malgré ses préventions originaires en faveur de Montbrun, a fini par condamner sa conduite dans cette affaire. » Nous regrettons donc avec lui que la mort ait empêché Polvérel de donner des renseignemens à ce sujet.

Nous croyons devoir, pour l’honneur de Polvérel, repousser l’assertion de Malenfant qui prétend, qu’il reçut froidement Sonthonax à qui il aurait fait des reproches,

  1. Lettre de Montbrun à Laveaux, du 4e jour complémentaire de l’an II (20 sept. 1794). Voyez aussi le rapport de Garran, t. 4, p. 248.