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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/401

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six à sept cents, habitués à recevoir tout ce qui entretient les forces de l’homme qui combat, étaient dans le plus grand dénûment ; sans paie, sans souliers, ni chemises, ni vêtemens, ni savon, ni tabac, privés de viande, même dans les hôpitaux, ne buvant que de l’eau, comme leur général, celui-ci constatait dans une lettre aux commissaires civils, qu’ils étaient forcés de monter la garde pieds-nus, comme les Africains : avantages que, par parenthèse, ces derniers avaient sur les autres, dans un pays hérissé de montagnes où ils peuvent vivre seulement de quelques racines, en buvant toujours de l’eau. Aussi ces soldats européens, égarés une ou deux fois par des agitateurs, déclarèrent-ils ne pas pouvoir travailler aux fortifications (ils ne refusaient pas de combattre), puisqu’ils n’étaient pas nourris. Laveaux et ses officiers ayant continué eux-mêmes le travail, ces braves soldats revinrent immédiatement de leur erreur.

Laveaux s’attacha encore, comme administrateur, à gagner les habitans par la sécurité de leurs personnes et de leurs propriétés, en intimidant les hommes qui étaient portés au désordre et au brigandage, dans un pays où les passions déchaînées avaient produit de si funestes résultats. C’est dans cette nécessité de sa position difficile, qu’il fit arrêter, juger militairement et fusiller Simon Gaulard, nègre ancien libre, et le mulâtre Jouneau, son ami, pour avoir assassiné François Lavaud, riche colon du Port-de-Paix, le même qui avait voulu acheter une goëlette remplie de mulâtres, pour avoir, disait-il, le plaisir de couler bas ce bâtiment et de faire périr ces hommes. Ce crime venait d’être commis au Port-de-Paix, lorsque Sonthonax y arriva. Simon Gaulard se montra arrogant ; il commandait le camp Lacorne, et on lui im-