Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/403

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administrateur actif et vigilant ranima la culture en faisant bien traiter les noirs cultivateurs ; les produits de la terre lui donnèrent bientôt les moyens d’échange avec les Américains des États-Unis, dont les navires fréquentèrent dès lors le Port-de-Paix et apportèrent des subsistances et de la poudre pour la garnison : les habitans profitèrent de cet état de choses[1]. Une mention honorable est due ici au colon Labattut, commandant de la Tortue, pour sa sollicitude à ravitailler la place du Port-de-Paix en vivres du pays et en bestiaux.

On peut dire que ce concours de bonne volonté de toutes parts fut dû à la conduite du général Laveaux. Voyons comment il augmenta le dévouement de sa petite armée, pour lui et pour leur pays.


Whitelocke, pensant trouver en Laveaux un homme de la trempe de Lasalle ou de celle de Lapointe, lui adressa une lettre, le 9 février, où il essaya de le porter à la trahison par des considérations politiques, en y joignant une infâme proposition d’argent. Il lui disait :

« Monsieur, si l’on ne m’a pas trompé sur votre position actuelle, vous ne serez pas surpris de cette lettre ; vous savez parfaitement que l’intention de S. M. B. est d’employer les efforts les plus vigoureux pour prendre possession de Saint-Domingue ou de la partie qui n’est pas encore conquise par les Espagnols. J’attends incessamment des forces imposantes, et l’armée que je commande vient de recevoir un renfort considérable.

Vous êtes sans doute aussi informé, que tous ceux de la convention nationale de France qui avaient sanctionné la mesure d’envoyer à Saint-Domingue des commissaires

  1. Nous verrons plus tard que Perroud cessa de se conduire aussi bien.