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même présumable que la difficulté de faire plier sous l’autorité nationale la population de cette ville contribua, autant que la nécessité de porter des forces au Port-de-Paix, ou celle d’aller rétablir l’ordre dans la province de l’Ouest, à faire sortir du Cap Laveaux et Sonthonax ; les mêmes causes servirent sans doute à perpétuer leur éloignement, quoique Sonthonax n’eût annoncé qu’une absence d’environ un mois seulement. » Nous remarquons que c’est une erreur de dire, qu’il y avait nécessité d’aller rétablir l’ordre dans l’Ouest. Avant l’arrivée de Sonthonax, cette province était dans l’ordre qu’y avait établi Poivérel, en partant pour le Sud ; mais évidemment son collègue était à bout de ce que lui-même appela plus tard son charlatanisme.

Déjà même, en mars 1793, quand Sonthonax quitta le Cap pour rejoindre Poivérel, afin de soumettre le Port-au-Prince, la ville du Cap présentait le spectacle d’agitations intestines. « Dès le premier voyage de Sonthonax dans l’Ouest, dit Garran, avant la canonnade du Port-au-Prince (avant l’affaire de Galbaud aussi, avant la liberté générale), des nègres, qu’on disait néanmoins excités par des blancs, se disputèrent la domination du Cap. Un des membres de la commission intermédiaire écrivait alors au commissaire civil (le 8 mars) : Il se forme des rassemblemens de noirs au Carénage, et ils sont présidés par des blancs qui ont l’âme noire et atroce. Ces nègres ont nommé un roi et une reine de la ville. »

On doit voir dans ce fait l’influence des idées aristocratiques que nous avons remarquées dans le Nord. Le Cap était destiné à avoir un roi et une reine. H. Christophe se ressouvint de ce fait en 1811.

Il y avait donc des causes préexistantes de perturbation,