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Pinchinat, etc., partirent de Néret et suivirent la route de la Rivière-Froide et des montagnes qui conduisent à Jacmel, par le Morne Malanga, appelé depuis cette époque Morne-des-Commissaires[1]. C’était la même route qu’avait suivie Borel, en avril 1793, pour se rendre à Jacmel. Montbrun les y suivit avec le reste des troupes.

Marc Borno, avec sa gendarmerie, les avait précédés et était arrivé à Jacmel avant eux. Ils n’y arrivèrent que le 6, à cause des difficultés de la route à parcourir : il fallut ouvrir un passage très-souvent à travers les bois.

Le 4 juin, à onze heures du matin, toutes les troupes ennemies entrèrent au Port-au-Prince, dont elles prirent possession au nom de Georges III.

Malenfant, dont nous avons souvent lieu de soupçonner la véracité, affirme que la colonne du baron de Montalembert, en entrant dans la ville, tira sur tout ce qui se rencontra dans les rues. On ne voit aucune nécessité à commettre un tel brigandage contre des habitans qui se livrent à l’ennemi. Il impute un fait plus grave à un officier de cette colonne, nommé Bérenger, qui, muni d’une liste portant les noms de trente-deux blancs comme lui, aurait successivement appelé ces hommes parmi deux cents autres qui étaient aussi au fort Saint-Joseph. Malenfant prétend que Bérenger en tua plusieurs avec ses pistolets, en leur disant : Républicain, fais le saut de la roche Tarpéienne. Il ajoute que le général White fît cesser ce carnage et rendit une proclamation pour le désavouer. Mais Malenfant laisse percer un ressentiment personnel contre Bérenger, à qui il aurait prêté de l’argent et qui ne

  1. Parmi les hommes notables restés avec les Anglais, étaient Lambert, ancien lieutenant de Bauvais, J. Chanlatte, Lafontant, les frères Coustard, etc. Le jeune J. P. Boyer y resta aussi, mais il se sauva peu après et se rendit à Léogane, quand cette ville fur reprise par Rigaud.