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Le même jour, 8 juin, ils adressèrent le billel suivant à Martial Besse, gouverneur provisoire de la province de l’Ouest : il fut écrit par Polvérel[1].


« Polvérel et Sonthonax, à Martial Besse, etc.


Nous vous prévenons, citoyen, que toute la force armée dont vous êtes dépositaire, est, de ce moment, à la disposition du citoyen Chambon, lieutenant de vaisseau commandant la corvette de la république, l’Espérance ; qu’en conséquence, vous devez obéir sur-le-champ à toutes les réquisitions qu’il pourra vous faire contre nous.

Polvérel, Sonthonax. »


Ces commissaires, dictateurs légaux et obligés pendant le cours de leur mission, la terminèrent en dignes et sincères républicains, en courbant la tête sous l’empire de la loi de leur pays. La loi seule, en effet, constitue le pouvoir souverain et absolu ; on s’honore toujours en lui obéissant.

Mais, s’ils considérèrent leur mission légalement finie, ils crurent que dans les circonstances où ils allaient quitter la colonie, il leur était permis d’exciter l’émulation des deux principaux chefs militaires auxquels sa défense était dès lors dévolue. Un tel dessein était louable ; la cause de leur pays ne pouvait qu’y gagner, et en s’y renfermant, ils ne se fussent pas attiré les reproches que nous allons adresser à leur mémoire. Voyons donc quel usage ils firent de la juste influence qu’ils avaient sur les défenseurs de la république.

  1. Débats, t. 2, p. 282.