Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/494

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les tentatives de la puissance qui s’est emparée déjà de plusieurs autres et qui convoite celle-ci. Cet événement contribue à faciliter l’entreprise de l’étranger. En vain son collègue se réunit à lui : la ville tombe au pouvoir de l’ennemi.

Elle tombe au moment où un homme important parmi les anciens révoltés noirs, un de leurs chefs, se soumet enfin à la puissance nationale. Peu importent les causes secrètes de sa soumission, les motifs particuliers qui l’y ont déterminé. Quoique sa soumission ait été précédée de celles de diverses communes, son exemple, son pouvoir d’opinion, sa force réelle, entraînent, rallient au pavillon républicain la plupart des autres communes dont il avait contribué à obtenir la défection. Toussaint Louverture, enfin, est venu jeter son épée dans la balance des destinées de Saint-Domingue.

Dès ce moment, le suecès de la cause de la France n’est plus douteux.

Mais, en se retirant de la capitale de la colonie restée au pouvoir de l’étranger, les commissaires civils reçoivent le mandat d’arrêt qui leur est envoyé par la métropole. Ils l’avaient prévu depuis longtemps, depuis le jour où ils avaient dû triompher de la ligue formidable formée contre eux et contrôles intérêts de leur patrie, où ils avaient appelé à la jouissance de la liberté les noirs guerriers accourus à leur secours.

Ils obéissent à ce décret injuste avec toute la confiance qu’inspire une conscience sans reproches, sans remords, pour les grands actes de leur administration dictatoriale. Ils partent pour la France !

Ont-ils été exempts d’erreurs, de fautes et de torts ? Il eût été difficile, sans doute, à eux comme à tous autres