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aux Espagnols sur l’habitation Bayard, dans la montagne du Boucan-des-Orangers : Borgella fît cette campagne où il se distingua.

Lorsque Sonthonax revint au Port-au-Prince, en novembre 1793, et qu’il envoya Marc Borno attaquer Léogane, soumis aux Anglais, Borgella fut de cette expédition. Toujours à l’avant-garde avec les gendarmes de sa compagnie, il fut fait prisonnier autour de cette ville avec quelques-uns d’eux, par sa témérité. Des prisonniers ennemis étant aussi tombés au pouvoir de Marc Borno, celui-ci proposa immédiatement leur échange qui eut lieu. À cette occasion, Borgella fut fortement réprimandé par son commandant, pour sa valeur imprudente en présence de l’ennemi : c’était presque un éloge pour un jeune homme qui commençait sa carrière militaire.

Ce chef, d’un âge plus avancé que la plupart des combattans de cette époque, était lui-même d’une bravoure éprouvée ; il savait apprécier celle de ses subordonnés ; il distingua Borgella à cause de cette qualité qu’il remarqua en lui. Lié d’amitié avec sa famille, ce fut un nouveau motif pour lui de se l’attacher, de l’avoir constamment dans sa société, de le former à ses principes sévères de probité. Sous ce rapport, Marc Borno était un homme de la trempe de Bauvais, distingué par sa conduite et par ses sentimens honorables. Soumis à son chef, respectueux envers celui en qui il reconnaissait des vertus, Borgella le prit pour son modèle. Quand il parvint lui-même à un âge avancé, il aimait à dire aux jeunes gens employés auprès de lui, combien les principes de Marc Borno exercèrent une salutaire influence sur toute sa vie militaire et politique ; son respect pour la mémoire de cet homme fut un vrai culte : la reconnaissance le lui avait inspiré.