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d’agir. Il établit même des impôts territoriaux dans ce quartier, le tenant ainsi dans une complète indépendance de la commission civile. Ces colons préludaient de cette manière à la résolution qu’ils prirent, à la fin de l’année 1795, de livrer Jérémie et tout le quartier de la Grande-Anse aux Anglais.


Le refus fait par les blancs de Jacmel de recevoir Polvérel avec les hommes de couleur qui l’accompagnaient, l’avait porté à retourner au Port-au-Prince d’où il repartit bientôt pour les Cayes. Avant de partir, il remarqua qu’une coalition se formait entre les blancs partisans de l’indépendance de la colonie, et ceux qui voulaient opérer la contre-révolution : mais il compta beaucoup sur ceux qui lui avaient paru attachés à la révolution. En allant aux Cayes, c’était surtout pour entreprendre de réduire les nègres insurgés qui étaient toujours restés campés aux Platons, malgré les nombreux affranchissemens accordés par Rigaud. Il espérait que s’il réussissait dans cette entreprise, il rallierait à son autorité les colons de toutes les opinions, en même temps qu’en faisant exécuter complètement la loi du 4 avril, il réunirait autour de lui tous les hommes de couleur. Mais, compter sur la sagesse des colons à se soumettre à l’égalité avec cette classe, c’était ne pas les connaître. Les hommes de couleur de l’Ouest et du Sud seuls répondirent à son attente. Bauvais et Rigaud les guidèrent dans ces sentimens.

Le général de Montesquiou-Fesenzac, désigné pour commander le Sud, s’était rendu aux Cayes : il n’avait pas tardé à être dégoûté de tout ce qui s’y passait et à retourner en France. Dès son arrivée aux Cayes, dans le courant de janvier 1795, Polvérel éleva Harty, lieutenant--