ils furent assommés de coups de bâton. Polvérel était encore au Port-au-Prince, déjà de retour de Jacmel. Ayant reçu les déclarations des victimes de ces excès suscités par les blancs, il fit arrêter Cayeman qu’on déposa en prison pour être poursuivi judiciairement : les deux autres se cachèrent.
Mais aussitôt, la municipalité intervint en sa faveur, en feignant de croire que Polvérel ne faisait poursuivre Cayeman qu’à raison des meurtres commis l’année précédente par les africains : elle lui dit que ces poursuites pourraient occasionner des troubles. Polvérel consentit à faire cesser les poursuites par le ministère public, mais il maintint Cayeman en état d’arrestation, en expliquant à la municipalité les causes de cette mesure. Sa lettre à cette occasion contient un passage qui est bien propre à prouver que ni lui ni Sonthonax ne songeaient alors à préparer l’affranchissement des esclaves. « Suisse ou africain, dit-il, tout esclave qui frappe ou qui menace un homme libre, me paraît inexcusable ; si de pareils délits sont impunis, les habitans de Saint-Domingue ont tort de crier contre les philanthropes, et de dire que la colonie a besoin d’esclaves. Elle ne peut plus en avoir, si la sévérité des châtimens ne les maintient dans le respect et la soumission qu’ils doivent aux hommes libres. » Cette lettre est du 14 décembre 1792.
Malgré ces considérations offertes à leurs réflexions, les membres du club lui écrivirent, le 16 janvier 1793, pour demander que Cayeman fût relaxé, à cause des services qu’il avait rendus aux blancs. Polvérel, qui était alors
est le même que Jean-Baptiste Bayard, qui a été sénateur de la République. Bara était le nom adopté par lui, quand il ne pouvait porter celui de son père.