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Leur projet était de massacrer les hommes de couleur qui, au Cap et au Port-au-Prince, fortifiaient et soutenaient l’autorité de là commission civile.

Hanus de Jumécourt, chevalier de Saint-Louis, qui ne s’était confédéré avec eux, en 1791, que dans l’espoir d’opérer la contre-révolution par leur concours, les voyant embrasser plus que jamais la cause de la métropole dont la révolution les favorisait, fut excessivement irrité contre eux. Son irritation s’aggravait de tout le mécontentement qu’il éprouvait de la chute de la royauté et du triste sort fait à Louis XVI ; car il était essentiellement royaliste.

Quant au marquis de Borel, ses sentimens antérieurs à leur égard, comme un des membres les plus violens des deux assemblées coloniales, les persécutions qu’il avait exercées contre eux dans l’Artibonite, en faisaient un ennemi acharné[1]. Les sentimens personnels à B. Borgella se décèlent suffisamment par le mépris qu’il avait fait de son fils naturel[2].

    Il a parlé du baiser de paix de Borel et Jumécourt ; il vous a dit que les factieux du Port-au-Prince s’étaient réunis à cette assemblée ; elle était composée de tout ce qu’il y avait de planteurs et de commissaires. C’est chez Borgella, maire du Port-au-Prince, que le dîné a été donné… C’est de ce dîné que les commissaires civils ont fait reporter l’indignation des hommes de couleur, et qu’ils ont fait entendre à ceux-ci qu’on avait concerté le projet de les détruire. » (Paroles de Sénac aux Débats, t. 7, p. 305.)

  1. Il faut avoner que nous n’avons pas eu à nous louer des nobles de Saint-Domingue. Le marquis de Rouvray écrivit aux autorités espagnoles contre Ogé et Chavanne : il fut aussi acharné contre les noirs esclaves. Le marquis de Cadusch proposa à l’assemblée coloniale de livrer Saint-Domingue à la Grande-Bretagne, pour maintenir l’esclavage et le préjugé de la couleur. Le marquis de Caradeux fut surnommé le Cruel, à cause de sa férocité à l’égard de ses esclaves. Le marquis de Borel fît égorger noirs et mulâtres dans l’Artibonite. Nous ne disons rien des comtes, des barons et des chevaliers de Saint-Louis, ne faisant des reproches qu’aux seuls marquis. »
  2. « Il résulte donc de cette déclaration, que le complot était formé d’assas-