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plaine du Cul-de-Sac à l’autorité des Anglais ; il l’invita à une conférence, le fît arrêter et fusiller[1].

Ce résultat dut porter les Anglais à mettre tout en œuvre pour gagner à leur cause, celui qui devenait ainsi tout puissant dans ces montagnes, d’où ils ne pouvaient plus tirer des denrées. Ils savaient que Dieudonné n’obéissait ni à Laveaux, ni à Rigaud, ni même à Bauvais, resté commandant de l’Ouest après l’arrestation de Montbrun. En conséquence de ce plan, ils réussirent à faire admettre auprès de Dieudonné, en qualité de secrétaire, un colon du nom de Baudouin, qui paraît être le même qui suivit Borel à la Jamaïque, quand celui-ci s’y réfugia en avril 1793. Baudouin, on le conçoit bien, une fois établi dans ce poste de confiance, devint le conseiller qui dirigeait Dieudonné et ses lieutenans.

Dans son mémoire de 1797, Rigaud nous apprend, qu’après le départ des commissaires civils, il avait fait passer des munitions à ces hommes, en les engageant à agir toujours de concert avec lui et Bauvais, et que ce fut pendant qu’il faisait le siège de Bizoton, qu’ils reconnurent que Dieudonné était hostile à leur autorité, puisqu’il se refusa à les seconder dans cette entreprise. Bientôt, ces généraux apprirent que Dieudonné permettait à ses gens d’aller commercer au Port-au-Prince, et aux Anglais et aux émigrés de venir dans ses camps. La trahison était donc manifeste ; elle était l’œuvre de ces derniers, qui inspirèrent à Dieudonné, Pompée et Laplume, l’idée

  1. Le fameux Malenfant dit à ce sujet : « Les mulâtres ont tendu un piège à Hyacinthe, en lui indiquant un rendez-vous par le moyen de quelques noirs : il s’y rendit, fut saisi et fusillé. Ainsi périt ce jeune chef, âgé de 22 ans. Ami des blancs, il ne fut jamais l’ennemi des mulâtres ; cependant ils ne l’aimaient pas… il était nègre, Ah ! mulâtres !  » (Pag. 75.)

    Ne serait-ce pas le cas de dire aussi ; Ah ! blanc !…