corder une grâce : j’ai fait promettre de vive voix par mes députés à Laplume, un brevet, n’ayant pas voulu lui écrire, crainte que Rigaud ne le vît. Comme il a environ 3,000 hommes armés avec lui, je vous serai obligé de lui accorder un brevet de colonel. Je vous engage aussi à lui écrire et à le lui envoyer. Je vous assure que cela fera le meilleur effet possible. Je vous embrasse de tout mon cœur. »
Par cette lettre toute confidentielle, T. Louverture nous fait voir clairement ce que nous n’avions qu’entrevu plus haut, d’après la lettre officielle. Il est visible qu’il secondait puissamment les préventions, le machiavélisme de Laveaux, à qui il en donne même de bonnes leçons. Et comment ce triste gouverneur ne céderait-il pas à une demande que lui fait un serviteur dévoué corps et âme, en l’embrassant de tout son cœur ! Ce brevet de colonel fut en effet expédié par Laveaux : Bauvais fit reconnaître Laplume en cette qualité.
Nous verrons plus tard comment les causeries particulières de T. Louverture avec son fils et son homme de confiance portèrent un fruit heureux pour T. Louverture. En attendant, le 17 mars, Bauvais témoigna à Laveaux combien il était enchanté qu’il eût élevé Laplume au grade de chef de brigade. Cette récompense lui était certainement due ; mais dans sa candeur, Bauvais ne se doutait pas avec quelle intention le gouverneur expédiait ce brevet. « Nous apprenons, dit-il à Laveaux, que le général Toussaint fait des prodiges de valeur dans la partie du Mirebalais. Je désire que ces bruits avantageux se confirment. » Ainsi, point de jalousie de la part de Bauvais pour les succès obtenus par T. Louverture.
Après avoir obtenu la soumission des gens de Dieu-