accueillit, en leur reprochant toutefois d’avoir quitté si légèrement leurs postes et en si grand nombre. Ce même jour, le mulâtre Bienaimé Gérard donna un grand déjeuner où se concerta la journée du lendemain. Il ajoute que Villatte et Paul Ravine assistèrent à ce déjeuner.
Le 30 ventôse (20 mars), Villatte, à la tête des officiers de la garnison, vint lui faire visite après la parade : il dit à Laveaux que tout était tranquille.
Un attentat coupable survint alors contre la personne du gouverneur et celle de l’ordonnateur. Laissons-les raconter eux-mêmes comment il fut commis, en violation des lois et du respect qui leur était dû.
Nous extrayons du rapport de Marec ce qui suit, écrit par Laveaux au gouvernement français : il se trouvait chez lui, dans son cabinet de travail, avec l’ingénieur Galley, occupé d’objets relatifs aux fortifications.
« On entre chez moi par deux côtés différens : à l’instant, ma chambre est remplie d’hommes. Je leur demande ce qu’ils veulent, ils me répondent : Tu vas voir. Un nommé Baussière me lance un coup de poing dans la tête ; je pare le coup, je le renverse. Un autre saute sur moi, tous alors m’accablent des sottises les plus grossières. On veut m’enlever de chez moi. Je résiste pendant une demi-heure. Enfin ces scélérats m’accablent de coups et me traînent dans un cachot. J’arrive à la geôle : quelle fut ma surprise d’y voir aussi mes aides de camp et Fressinet, adjudant-général, lesquels ont tous été accablés de coups de bâton ! Cette surprise fut bien plus grande encore, en apprenant que Perroud, l’ordonnateur, venait d’être traîné dans un autre cachot. On m’enferme sous cadenas, seul et éloigné de tous les autres !… On amène après plusieurs autres prisonniers. »