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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/173

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Laveaux, ce Léger Duval, ancien membre de l’assemblée coloniale, qui servit de secrétaire à Villatte durant le mouvement, était bien propre à convaincre les commissaires des assertions de Roume. Il leur fit savoir, enfin, ce qu’un colon de Saint-Domingue lui avait dit à Paris et que nous transcrivons ici. Ce colon était du Cap.

« Je sors, disait-il, de chez les commissaires Page et Brulley, où se sont trouvés beaucoup de mes compatriotes de Saint-Domingue. La convention nationale aura beau vouloir l’égalité des mulâtres et la liberté des noirs, elle finira par avoir le dessous, par les mesures qu’on vient de prendre.

Nous commencerons par brouiller les mulâtres avec les nègres, en coalisant ceux-ci avec tes blancs. Ce moyen procurera la destruction totale de ces figures à rhubarbe. — Ensuite, nous brouillerons les nègres créoles avec les bossals (ceux venant d’Afrique), en coalisant ceux-ci avec les blancs ; ce second moyen nous délivrera de tous ces docteurs maroquins. — Enfin, la France, ennuyée de tous les crimes qui se seront commis, ne pourra plus regarder les nègres que comme des bêtes féroces, indignes de la liberté. Elle rétablira l’esclavage : nous nous déferons de tous ceux qui auront de l’énergie, nous en ferons venir d’Afrique, et nous les tiendrons sans cesse sous le fouet et dans les chaînes. »

Voilà l’aveu d’un colon de Saint-Domingue à Roume, voilà le plan dressé chez Page et Brulley, ces hommes qui conseillaient d’empoisonner les chefs des nègres insurgés. On se rappelle que nous avons fait remarquer que les rapports de Defermon et de Boissy-d’Anglas indiquaient le projet du rétablissement de l’esclavage, fermentant déjà en France, en 1795.