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un chef noir, avait fait entendre à T. Louverture qu’il le destinait au commandement en chef, et que cette confidence avait suffi pour éclairer ses espérances, » Il nous semble se tromper également en disant que Sonthonax rechercha le titre de député de la colonie au corps législatif, pour avoir à montrer à la France un titre de popularité en faveur de sa nouvelle administration. » Et cela, parce qu’il craignait les plaintes que Rochambeau irait porter contre lui.

Nous avons prouvé que Sonthonax n’a pas été contraire à ce général, déporté par ses collègues. Sonthonax n’a pas recherché davantage la députation : sa nomination n’a été que l’œuvre de T. Louverture, qui voulait se débarrasser également de lui[1]. Nous verrons ce dernier lui signifier de se rendre à son poste ; car il ne désirait nullement quitter la colonie. Quand l’ordre chronologique des faits nous amènera à parler de la nomination de T. Louverture au rang de général en chef, nous dirons les motifs qui déterminèrent Sonthonax.

Et la preuve que Sonthonax n’avait pas recherché la députation, se trouve dans le rapport de Marec : il dit que cet agent l’avait acceptée contre l’attente de ses collègues. S’il l’avait désiré, aucun de ses collègues n’aurait pu l’ignorer. Cette élection amena même une espèce de scène dans le sein de l’agence.

Comme elle coïncidait avec les assassinats commis dans le quartier du Port-de-Paix, par les noirs insurgés après l’exécution d’Étienne Datty, on prétendit que ces hommes les commettaient au cri de Vive Sonthonax ! Leblanc en

  1. Cette assertion se trouve dans un compte-rendu d’A. Chanlatte, au ministre de la marine, du 9 juin 1800. Il y dit que « le vœu du peuple, dirige Toussaint avait appelé Sonthonax au corps législatif. »