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rent par y entrer et commirent des assassinats sur des blancs, étant excités par Lefranc et Augustin Rigaud.

Dès l’arrivée du général Rigaud aux Cayes, Leborgne et Kerverseau rendirent un arrêté qui lui donnait tous les pouvoirs, afin de faire cesser le cours des atrocités qui s’y commettaient[1]. Il fit inviter tous les blancs et leurs familles à se rendre chez lui ; il envoya des patrouilles pour les escorter en sûreté, et parvint ainsi à en sauver le plus grand nombre. Cependant, pendant sa présence même, des crimes furent encore commis dans la ville : ils eurent lieu surtout dans la nuit du 31 août au 1er septembre.

Etait-il possible qu’il les empêchât sur tous les points, quand une multitude avait envahi la ville des Cayes ? Rigaud ne se trouvait-il pas dans la même situation que Montbrun, au Port-au-Prince, dans la nuit du 17 au 18 mars 1794 ?


À partir du 1er septembre, le calme commença à renaître aux Cayes, parce que Rigaud réussit à faire évacuer la ville par la multitude qui l’encombrait. Le même jour, il avait publié une proclamation à cet effet.

La délégation a avancé, qu’en arrivant aux Cayes, Rigaud s’était rendu dans les forts de l’Ilet et de la Tourterelle, pendant la nuit du 30 au 31 août. Cette fausseté n’a été imaginée que pour établir le concert prétendu qui aurait existé entre ce général, son frère et Lefranc ; car, selon cette délégation, elle est tout-à-fait irréprochable, de même que Desfourneaux, de même que l’agence du Cap.

  1. Le rapport des délégués nous apprend qu’ils députèrent auprès de Rigaud, Bauvais et deux autres citoyens, pour lui dire « qu’ils l’attendaient avec impatience pour l’embrasser et terminer des dissensions malheureuses. » Ils le disent, pour accuser Rigaud de s’être refusé à une réconciliation, comme s’il pouvait croire à la sincérité d’une telle réconciliation avec Leborgne !