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modération, fut tellement dégoûté de tous ces troubles civils, qu’il donna sa démission au mois d’avril 1797, en demandant à Sonthonax un passeport pour aller aux États-Unis, à cause de maladie. Sonthonax le voulait bien ; il désirait le remplacer par Christophe Mornet ; mais T. Louverture ne consentit pas à cet arrangement. La démission fut donc refusée à Bauvais[1]. Sonthonax le remit à Jacmel : il donna alors le commandement de l’arrondissement de Léogane à Laplume, en l’élevant au grade de général de brigade.

Le département du Sud resta donc isolé, soustrait aux ordres de l’agence, par sa propre faute, par ses injustices. Celui de l’Ouest continua ses relations avec elle, reçut ses ordres et y obtempéra.

Nous avons dit que ces deux départemens se suffisaient depuis longtemps par leurs ressources financières, résultat dubon état des cultures et de la prospérité commerciale qu’il attire toujours ; mais aussi de la bonne gestion des finances par Bonnard à Jacmel et par Gavanon aux Cayes.

Quant au Nord, nous avons parlé de celle de Perroud, de sa création de papier-monnaie. Vainement cet ordonnateur, et Laveaux avec lui, soutinrent-ils que cette province était bien administrée en finances. Pour prouver le contraire, voyons ce qu’on lit dans le rapport de Marec.

L’agence, par une dépêche du 18 vendémiaire (9 octobre), exposa la situation générale dans laquelle elle trouva la colonie, c’est-à-dire la partie du Nord. Arrivant aux finances, elle dit au ministre de la marine :

  1. Depuis cette demande de démission par Bauvais, Rigaud l’appelait souvent Mademoiselle Bauvais. Il ne pouvait pardonner cette faiblesse de caractère dans un homme si brave. Cette plaisanterie influa peut-être sur la conduite ultérieure de Bauvais, en 1799, alors que Rigaud avait besoin de lui contre T. Louverture.