Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/319

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Le 4, il répondit à une lettre de Desfourneaux, qu’on ne pouvait lever le scellé mis sur ses papiers ; il le fît transférer à bord de l’aviso les Droits de l’homme (droits violés à son égard), qui le transporta au Port-de-Paix où le général Bedos reçut l’ordre de l’enfermer au Grand-Fort, d’empêcher toutes communications avec lui, même de la part des sentinelles, sous le prétexte qu’il pourrait chercher à soulever les troupes, et de le réduire seulement à la ration de pain, attendu qu’il n’y avait pas assez de salaison : enfin, il fut traité comme un écolier insoumis, — au pain sec et à l’eau.

Nous avons ces divers ordres sous nos yeux, au moment où nous écrivons ces lignes. Tels furent les procédés employés envers Desfourneaux.

Voyons comment Kerverseau parle de ce fait, dans son rapport :

« A mon retour (de sa mission aux Cayes) l’agence, par son arrêté du 2 nivôse an v (22 décembre 1796), me nomma adjudant-général, chef de l’état-major de la division du Nord commandée parle général Desfourneaux ; et j’en exerçais les fonctions, lorsque l’arrestation arbitraire et vexatoire de ce général, et la promotion de Toussaint au généralat en chef, qui la suivit immédiatement, établirent un nouvel ordre de choses dans la colonie… Le jour même de son installation, Toussaint partit du Cap, sans prendre congé (de Sonthonax). »

Une lettre de T. Louverture à Laveaux, datée de l’habitation Descahos, le 23 mai, lui parle d’abord des Anglais qu’il a chassés des différentes bourgades de la partie espagnole, et lui dit ensuite :

« Je viens d’être promu, par la commission du gouvernement français, au grade de général en chef de Saint--