quelques jours, le général Pierre Michel s’est laissé mal entourer, qu’il a été circonvenu par le général Desfourneaux qui cherchait à l’égarer. »
« J’ai été assez clairvoyant, dit-il à Pierre Michel, pour m’apercevoir que pendant quelque temps vous avez prêté l’oreille à des insinuations perfides, à des conseils insidieux qui vous auraient conduit à votre perte, si vous aviez eu la faiblesse de les suivre… Vous avez été faible un moment ; mais vous n’avez jamais été coupable, et j’étais certain que vous ne le seriez jamais devenu ; aussi jamais rien ne fut plus loin de ma pensée, que l’idée de vous punir du tort que vous avez eu d’écouter un homme dangereux, [1] par la raison que j’étais convaincu que vous n’auriez jamais celui de vous laisser entraîner dans le piège où il s’est pris lui-même… »
Et alors, Pierre Michel eut ordre de partir pour marcher avec T. Louverture, qui allait attaquer Saint-Marc. Mais il se dit malade et obtint ensuite un permis d’aller se traiter au Port-Margot. À la mi-juillet, quelque insubordination eut lieu parmi des dragons dans ce bourg, et Pierre Michel fut accusé de les y avoir excités. Sonthonax donna l’ordre de l’arrêter et de le conduire au Cap. Le général Léveillé, commandant l’arrondissement, ami de Pierre Michel, sollicita la permission de lui faire garder les arrêts chez lui-même, au bureau de l’arrondissement, afin qu’il pût se soigner. Sonthonax le fît visiter par un officier de santé qui constata qu’il avait une maladie chronique ; et Sonthonax décida alors, en bon médecin, qu’une
- ↑ C’est Desfourneaux qui est ainsi désigné ! Quand Sonthonax l’employait contre Montbrun et Rigaud, c’était le meilleur citoyen : voulant élever T. Louverture au rang de général en chef, Sonthonax le fait arrêter ; Desfourneaux devient un homme dangereux ! Les accusations portées contre lui dans le Sud n’étaient donc pas fausses et calomnieuses !