Il est probable que dans son allocution aux officiers et aux fonctionnaires, Sonthonax aura fait valoir, pour les toucher et les entraîner, la considération des attaques et des calomnies dirigées contre lui, en France, par la faction coloniale qui se prévaudrait encore de son renvoi pour l’accabler, en prétendant qu’il avait perdu l’estime même des noirs et du général en chef ; que ceux-ci n’étaient pas non plus dévoués à la France.
Eh bien ! cette seconde lettre de T. Louverture est rédigée convenablement pour le rassurer à cet égard ; mais en même temps, elle contient une menace pour porter le commissaire à se résigner : d’après ce que vous avez vu, vous avez déjà senti qu’il nous était facile (à nous, T. Louverture) de terrasser nos ennemis ; c’est-à-dire, les miens, ceux qui s’opposent à ma volonté : cette forme est ambiguë, à double entente ; elle est dans la nature de T. Louverture ; et elle suffisait pour faire comprendre à Sonthonax ce qu’il voulait.
Pour mieux l’y décider, il quitte le Cap et se rend à la Petite-Anse où commande Henri Christophe ; et là, il menace de fondre sur la ville avec toute la population des campagnes, de mettre tout à feu et à sang. Dans la nuit du 23 au 24 août, il fait tirer le canon d’alarme, comme au 30 ventôse, Pierre Michel et Léveillé l’avaient fait tirer pour épouvanter Villatte et la municipalité.