« Le général en chef, fidèle au système qu’il se fit alors… de mettre en avant le délégué de la métropole, et de le pousser à des démarches dont il recueillerait les avantages si elles réussissaient, et qui, en cas de non-succès, tourneraient encore au profit de son ambition par la défaveur qu’elles jetteraient sur l’autorité nationale, s’en rapprochait et s’en éloignait tour à tour, le flattait par des protestations d’attachement et de soumission, ou, avec une colère hypocrite, lui adressait en public les reproches les plus insultans, accueillait toutes les plaintes, toutes les dénonciations, toutes les impostures, déplorait les malheurs publics qu’il ne prenait, cependant, aucun moyen de soulager, blâmait tout haut les mesures qu’il avait secrètement ordonnées, s’élevait contre la dilapidation des finances, pleurait sur le sort de Saint-Domingue livré à l’impéritie et aux déprédations des envoyés de la France, rejetait sur le gouvernement tout le poids des calamités et de la haine publique, et se montrait à tous comme le défenseur des opprimés, le père de l’armée et le protecteur de tous les citoyens. Tous les ennemis de la commission étaient sûrs de son appui. L’ancien curé du Dondon, l’abbé de la Haye, nom fameux dans l’histoire des crimes de Saint-Domingue, et sa très-digne épouse, traduits devant le juge de paix et mis en jugement pour les plus horribles calomnies contre l’agent (J. Raymond), furent relâchés par ordre de Toussaint dont la sensibilité était prompte à s’émouvoir pour les diffamateurs de l’autorité nationale. Tous ceux que l’agent déplaçait étaient replacés par le général en chef. L’ordonnateur Idlinger auquel Raymond avait donné Verrier pour successeur, fut nommé adjudant-général, malgré la loi et malgré l’agent qui fut contraint de lui en expédier le brevet : ce ne fut durant cinq mois qu’une suite d’orages