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dans le Sud, Rigaud adressa une lettre à Hédouville, qui lui annonçait son départ ce jour-là même. Il retourna à son commandement, plus que jamais dévoué à la France et à ses intérêts dans la colonie, d’après la réception que lui avait faite son agent. Les citoyens du Sud et de l’Ouest partagèrent sa satisfaction ; car ils avaient été également mis en suspicion dans l’esprit du Directoire exécutif, par les calomnies de l’agence de 1796.

Indépendamment de l’accueil fait à Rigaud, Hédouville lui dit-il des choses en particulier contre T. Louverture qu’il n’avoua pas à ce dernier ? En dit-il aussi au général en chef, que celui-ci n’avoua pas à Rigaud ? C’est ce que personne ne peut savoir, ne peut nier ni affirmer ; car ces deux généraux n’ont rien publié à ce sujet. L’histoire ne peut donc pas accepter toutes les traditions populaires du temps, plus ou moins erronées, et disons-le, plus ou moins absurdes.

Quant à nous, qui recherchons consciencieusement la vérité historique dans les faits, il nous est démontré que, si T. Louverture et Rigaud avaient entre eux des causes de rivalité militaire et politique, si cette rivalité pouvait et devait même les porter à s’observer mutuellement, du moins en quittant le Cap ensemble, en se séparant au Port-au-Prince, rien n’annonce, rien ne prouve qu’une mésintelligence avait éclaté entre eux. Nous allons voir bientôt que, dans l’évacuation de Jérémie par les Anglais, Rigaud agit d’après les ordres et les instructions du général en chef qui, dans ce but, l’avait mandé au Port-au-Prince.