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des armes. T. Louverture lui avait envoyé des munitions, comme aux autres officiers ; et en ayant encore demandé à ce général, de même que ses autres camarades, le 18 janvier ce dernier leur écrivit à tous, se plaignant amèrement de ces demandes réitérées ; il n’avait pas lui-même beaucoup de poudre en ce moment-là : il reprocha surtout à Blanc Cazenave d’en faire un mauvais usage, de vendre sans doute cette poudre, puisqu’il en demandait. Il est probable que la contrariété qu’éprouvait T. Louverture, le porta seule à imputer une telle chose à cet officier.

Quoi qu’il en soit, Blanc Cazenave, ayant encore vu venir sur les lieux un autre officier, envoyé par son général, et chargé de dire à lui et à ses camarades des choses désagréables, ne pouvant plus se contenir, il exhala son indignation. Le rapport en fut fait à T. Louverture : celui-ci voulait l’arrêter, mais sachant qu’il était courageux et fort aimé de sa troupe ; que les autres officiers, entre autres Guy et Christophe Mornet, étaient sourdement mécontens aussi, il s’y prit avec toute la ruse qui étaitdans son caractère hypocrite. T. Louverture manda donc ces divers officiers l’un après l’autre, leur donna des ordres pour le service, en dissimulant son intention réelle. Il était aux Gonaïves. Ces officiers étant retournés à leurs postes, Blanc Cazenave fut mandé à son tour : cette circonstance était propre à ne lui inspirer aucune crainte ; d’ailleurs il ne s’imaginait pas que quelques paroles proférées dans son emportement dussent être un motif pour son arrestation. Elle eut lieu cependant, dès qu’il arriva auprès de T. Louverture qui le fît mettre en prison. Des dénonciations vinrent de toutes parts signaler cet officier, comme excitant les cultivateurs au désordre et à la fainéantise, leur ayant dit que Laveaux et T. Louverture